Le piège du temps qui passe
Je ne suis pas vieille. Plus toute jeune non plus. Entre deux âges, pourrait-on dire...
J'ai déjà l'âge d'être grand-mère, mais je ne le suis pas vraiment. J'ai encore l'âge de travailler, pourtant je ne travaille plus. Lorsque je me suis arrêtée, il y a sept ans, j'avais des rêves plein le tête : j'allais entreprendre ces études de diététique qui me tentaient tant. Je passerais le diplôme, installerais mon cabinet. Je serais enfin ma propre patronne. Je confondais le raz le bol d'un environnement professionnel qui m'insupportait et le démarrage d'une nouvelle activité. Mais, parce que mon projet n'étais pas bien réfléchi, pas vraiment préparé, je n'ai pas été au bout de ma démarche. Je ne me suis pas présentée à l'examen. Je crois que je me trouvais trop vieille, je pensais qu'il était trop tard. Je me rends compte aujourd'hui que c'était ridicule, et que j'ai "perdu" sept années à flemmarder. Mais peut-être en avais-je besoin, moi qui ai toujours tout fait trop jeune, trop tôt.
Dans ma tête, désormais, je projette un moi qui n'est déjà plus tout à fait moi. Parce que le temps qui passe referme l'une après l'autre les portes des possibles. Mes rêves rétrécissent au fil des années. Pourtant je me dis qu'il me faut continuer de construire des projets d'avenir, apprivoiser le futur. Sauf que ma motivation n'est plus tout à fait la même.
En fait je suis dans un entre-deux où je n'ai pas encore fait le deuil de ma jeunesse. Sans doute suffit-il d'attendre ...